Histoire et points forts du château de Tsuyama
Haut lieu du patrimoine historique de Tsuyama, le site centré sur le château surplombe la ville. Les diverses constructions de ce complexe architectural composent l’un des trois grands sites japonais illustrant un modèle de « château perché sur plaine (hirayama-jiro)».

La province de Mimasaka a été créée en 713, par scission d’avec la province de Bizen. Cette province a été au cœur de la prospérité de la région de Tsuyama après la fondation de la nation japonaise.
Durant l’époque Sengoku, période des provinces en guerre, allant du milieu du 15e à la fin du 17e siècle, la province était un champ de bataille où s’affrontaient les puissances alentour. Ce n’est qu’après la bataille de Sekigahara en 1603 qu’elle devint le siège du pouvoir du seigneur Mori Tadamasa qui fit construire le château de Tsuyama.

Le château de Tsuyama fut construit sur une petite montagne au nord de la rivière Yoshii. Naturellement protégé à l’est par la rivière Miyagawa, il fut renforcé par des remparts et des douves sur les trois autres côtés.
Dressé à l’abri d’une triple enceinte de remparts, il comportait également sur ses murailles en pierre plus de soixante tourelles disposées ici et là.
C’est un château de type hirayama, qui tire parti d’une topographie combinant plaine et montagne, comme les célèbres châteaux de Himeji et de Matsuyama.

La porte Omote-naka qui connecte la troisième enceinte à la deuxième est surmontée d’une tour. C’est la plus importante porte du château, s’étirant sur 32 mètres d’est en ouest.
Le caractère unique de cette structure tient à une passerelle avec bifurcation.

La porte Omote-kurogane est une porte-tour permettant d’accéder à l’enceinte principale. Afin d’accroître sa capacité de défense, ses piliers et ses battants étaient entièrement renforcés par un revêtement en fer.
Sa structure de conception particulière se présente de sorte qu’après avoir franchi la porte au premier niveau, il est nécessaire d’emprunter un escalier conduisant au deuxième niveau, puis de le traverser vers l’ouest pour accéder à l’entrée du palais du seigneur à l’abri de la première enceinte.

Le château de Tsuyama comportait un total de plus de soixante tours, en incluant celles érigées en haut des remparts longeant les douves.
La plus importante était la tour Bitchu-yagura comportant deux niveaux et qui se dresse sur le côté sud de l’enceinte principale. À la différence des autres tours, elle comportait des espaces tapissés de tatamis et dont la décoration intérieure était particulièrement soignée, utilisant des matériaux de qualité. Au premier niveau, se trouvait un salon avec une alcôve et une salle de thé. Le deuxième niveau n’abritait que des pièces comportant dans un coin une zone un peu surélevée réservée au seigneur du fief qui venait s’y asseoir lorsqu’il se rendait auprès de ses visiteurs.
En 2004, à l’occasion du 400e anniversaire de la fondation du château, les espaces de la tour Bitchu-yagura ont été ouverts au public en utilisant matériaux et techniques artisanales d’époque.

Le palais du seigneur se situait au centre de l’enceinte principale. À l’est, le « bâtiment antérieur » était dédié à des événements officiels. À l’ouest de ce dernier, le « bâtiment intermédiaire » était dédié aux bureaux de gestion des affaires du fief. Au sud se trouvait le « bâtiment postérieur » où résidait le seigneur, lequel était relié par un corridor à la tour Bitchu-yagura, dont elle était dans les faits une extension.

La tour principale présentait cinq niveaux, mais le toit du quatrième niveau étant très court, son aspect extérieur pouvait laisser à penser qu’il n’en comportait que quatre.
Cela étant, la tour principale était dotée de fortifications très efficaces. Elle comportait plus de 170 meurtrières : plus de 100 pour tirer au fusil et près de 70 pour tirer à l’arc. Dans les quatre coins, des espacements étaient ménagés pour faire tomber des rocs sur les assaillants. La tour principale du château, érigée sur un socle de 22 mètres sur 24, se dressait à 28 mètres de hauteur, socle compris.

En 1873, après la restauration Meiji, l’empereur promulgua un décret visant à détruire les châteaux. En conséquence, la tour principale, le palais et les tourelles furent détruits.
Les structures restantes du château tombèrent en ruine jusqu’à l’aménagement en 1900 du parc Kakuzan. Puis en 1963, les vestiges du château furent désignés Patrimoine historique national.